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Donna Lee
Thème et accompagnement pour guitare

Un article écrit par , paru le .
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Initiallement publié le 12/04/2011 sur le site Partitions, exercices et conseils pour guitaristes de tous styles

Charlie Parker et Miles Davis

Regardez l'arrangement de Donna Lee

L'arrangement complet, à 130 à la blanche (260 à la noire, 65 à la ronde)

Deux guitares jouant le thème sur deux octaves différentes et une guitare jouant un walking bass d'accompagnement


Téléchargez les partitions au format PDF

À propos de Donna Lee et des thèmes Be-bop

Les thèmes Be-bop sont très utiles à étudier. Ils permettent d'appréhender ce phrasé si particulier qui fait souvent référence chez les Jazzmen, de mettre à l'épreuve sa technique instrumentale et de consolider sa connaissance du répertoire.

Les mélodies du Be-bop se caractérisent rythmiquement par des phrases relativement longues, découpées la plupart du temps en croches ternaires sur des tempos rapides. Des syncopes "abruptes" peuvent éventuellement venir briser la linéarité de ces séries de notes.
Souvent complexes mélodiquement, les thèmes Be-bop regorgent de fragments d'arpèges, de chromatismes, de broderies en tout genre et de notes de superstructure tendues harmoniquement, comme les 9b ou les 11#.

Ces standards sont particulièrement intéressants pour développer sa technique. Trouver des doigtés corrects, conserver la fluidité du phrasé d'origine et respecter la mise en place peut-être un exercice redoutable...
Ils sont aussi une mine d'or pour l'improvisation. Nombre de phrases tirées des thèmes Be-bop sont devenues des "clichés" déclinés tels quels dans une improvisation en tant que citation, ou, de façon plus fragmentaire, comme matériel mélodique.

Je vous propose donc d'étudier un thème Be-bop qui fait référence pour sa complexité mélodique et sa difficulté d'exécution : Donna Lee.

Originellement attribué à Charlie Parker, il s'emblerait que ce thème ait été composé par Miles Davis en 1947, au début de sa carrière, époque à laquelle il jouait avec "Bird". Vous trouverez plus d'informations à ce sujet sur le site www.jazzstandards.com. Vous pouvez écouter la version originale de Charlie Parker et de Miles Davis sur www.deezer.com

Dans les versions célèbres, on peut citer celle de Jaco Pastorius en duo avec Don Alias.

Voici une version de Joe Pass en duo avec Niels-Henning Ørsted Pedersen :


Joe Pass et NHOP ont enregistré deux albums en duo : Chops en 1978 et Sea Nights en 1979.

Une version par Biréli Lagrène :


À propos de l'arrangement

J'ai décliné le thème en deux versions : joué à l'octave réelle par la 1re guitare et transposé une octave en-dessous par la 2e.

L'étude des thèmes sur deux octaves différentes est bien entendu techniquement intéressante mais permet aussi de choisir une bonne tessiture en fonction des situations de jeu.
Par exemple, avec un trompettiste ou un sax alto de jouer une octave en-dessous, en soliste ou avec un sax ténor à l'octave réelle.
On peut aussi décider de changer de tessiture à la reprise du thème ou établir des changements d'octaves à certains endroits pour le rendre plus facilement jouable.
On remarque, dans la version de Joe Pass, qu'il joue une octave en-dessous du thème original lui permettant de sonner une octave au-dessus de la contrebasse.
Dans celle de Biréli Lagrène, il joue le thème à l'octave grave, sonnant ainsi une octave en-dessous du sax soprano.

La partie d'accompagnement, dévolue à la 3e guitare, est un "walking bass" typique. Elle imite le rôle de la contrebasse tout en ponctuant avec des accords, en soulignant certains endroits clés de la mélodie. Joe Pass (encore lui !) était passé maître dans l'art du walking bass.

Vous noterez que l'accord final de l'arrangement (Cbmaj7) n'est pas l'original (qui devrait plutôt être Ab6, voir Ab7#9).

Pour maîtriser cet arrangement, toujours le même conseil : travaillez à tempo lent et augmentez la vitesse progressivement.
Je vous conseille de respecter tous les différents doigtés, liaisons, barrés et positions main gauche dès le départ de l'apprentissage pour ne pas prendre de mauvais défauts qui seraient pénibles à combattre par la suite.

Dernier petit conseil et certainement pas le plus mauvais, aidez-vous en visualisant votre jeu, juste dans votre tête, sans l'instrument. Visualisez chaque emplacement de note, chaque liaison, chantez intérieurement les hauteurs des notes, visualisez l'ensemble en tenant compte du tempo...
Des heures de travail gagnées !

À propos de la technique

Le tempo :

Les croches, dans ce type de morceau, sont à interpréter ternaire.
Par contre plus le tempo est rapide, plus les croches se resserrent et finissent par être interprétées binaire. Un très bon exemple par le sextet de Clark Terry (avec... Joe Pass !).

D'autre part, pour plus d'aisance, les tempos rapides ne se battent pas à la noire, mais à la blanche (par exemple 130 à la blanche à la place de 260 à la noire, deux fois moins rapide). Les tempos très rapides, à la ronde (par exemple 65 à la ronde à la place de 260 à la noire, quatre fois moins rapide).
Il existe deux écoles qui "s'affrontent" :

  1. L'une préfére marquer les temps faibles (l'école "Américaine").
    À la blanche on tape les 2es et les 4es temps, à la ronde les 3es temps de chaques mesures. Elle favorise le swing.
  2. L'autre tend plutôt à marquer les temps forts.
    À la blanche on tape les 1ers et les 3es temps, à la ronde les 1ers temps de chaques mesures. Elle favorise le repérage dans la trame harmo-rythmique.

Pour enregistrer cet arrangement, j'ai réglé le métronome à 65 à la ronde pour qu'il marque les 3es temps de chaques mesures.
Néanmoins, je pense qu'il est bon de s'essayer à chacunes de ces deux méthodes...

Le phrasé :

Les instrumentistes à vent, comme les saxophonistes ou les trompettistes, n'attaquent pas toutes les notes. Ils jouent, au contraire, plusieurs notes dans un même souffle, produisant ainsi un effet de fluidité, c'est le jeu legato.
Pour imiter ce phrasé sur la guitare, on utilise la technique des liaisons.
Voici quelques principes généraux pour une bonne utilisation des liaisons :

  1. Attaquer une note à contretemps et lier la note qui la suit sur le temps. Exemple en fin de mesure 1 : la note mi, à contretemps, est attaquée, la note qui la suit sur le temps, le mib, est liée.
  2. Lier de préférence vers une note plus grave. Exemple : un peu partout dans le thème.
  3. Eviter de lier sur la dernière note d'une phrase pour plus de clarté.
  4. Lier si possible les broderies et mordants de valeurs courtes (triolets, double croches). Exemple : les 3 premières notes du thème.
  5. On peut lier à l'envers (d'un temps vers un contretemps) sur des répétitions de notes (la note la plus importante se trouvant sur le temps). Pas d'exemple dans ce thème.
  6. Par extension du principe précédent, lier vers une note à contretemps si la note sur le temps est importante (attention, à utiliser avec parcimonie, peut produire un phrasé inadéquat). Exemple : mesure 13.
  7. Ne pas systématiser l'emploi des liaisons sous peine d'obtenir un phrasé ennuyeux.
  8. Chanter le thème et en déduire les liaisons.

Ce ne sont bien sûr que des principes généraux. Le phrasé, qui est l'un des éléments fondateurs du style d'un musicien, est aussi une histoire de goût personnel.

Les doigtés main gauche :

Le doigté que je vous propose ici n'est pas la seule et unique "bonne" solution.
Il reflète par contre la volonté d'obtenir un jeu le plus legato possible, une sonorité homogène, un phrasé identique entre les deux versions du thème et être "praticable" à tempo rapide.
Les doigtés main gauche ont été notés avec beaucoup de minutie dans cette partition, vous les trouverez indiqués par un chiffre à côté de chaque note.
Les chiffres cerclés au-dessus ou en dessous de certaines notes indiquent la corde sur laquelle il faut fretter la note en question. Les cordes n'ont été indiquées qu'aux changements de positions.

Les positions main gauche :

Sur la guitare, une position est définie par l'emplacement de l'index de la main gauche sur le manche. Si l'index se trouve à hauteur de la 1re case, on dit que la main se trouve en première position. S'il se trouve à hauteur de la 13e case, la main sera en treizième position...

Il m'a semblé utile de noter, en plus des doigtés, les différentes positions de la main gauche sur la plaque de touches.
Elles sont indiquées par des chiffres encadrés, sous la portée. Une ligne en pointillés indique jusqu'où il faut la tenir.

Essayez de respecter ces indications tout en gardant en tête que la main gauche doit toujours rester la plus parallèle au manche, même lors des changements de positions (les démanchés).

Les extensions :

Les extensions des doigts de la main gauche sont indiquées sur la partition par l'abréviation "Ext.".
La main ne doit pas bouger de sa position pour aider les doigts qui tirent. A certains endroits de la partition, par exemple mesure 5, on profite de l'extension d'un doigt pour changer de position sur le manche. Dans ces cas-là, assurez-vous de ne changer de position qu'après avoir effectué l'extension (au moins pendant le travail à tempo lent et moyen).

Le walking bass :

Cette partie d'accompagnement a été pensée pour un jeu de la main droite "aux doigts", sans médiator. Les notes de la ligne de basse sont jouées par le pouce, les accords avec l'index, le majeur et l'annulaire.
Il est possible de la jouer avec un médiator (bien plus difficile), en utilisant la technique dite du hybrid picking (cf Israel, un arrangement pour deux guitares). Le médiator se charge alors des notes de basse, les doigts majeur, annulaire et auriculaire des accords.

Là aussi, les doigtés sont très importants, ils doivent-être respectés à la lettre pour pouvoir jouer correctement les accords qui ponctuent la ligne de basse.

J'ai noté au-dessus de la 3e guitare les accords utilisés. Vous pourrez ainsi voir les enrichissements, renversements et/ou substitutions que j'ai utilisé par rapport à la suite harmonique d'origine, notée au-dessus de la 1re guitare.

À propos de la partition

Les doigtés main gauche se trouvent sur la portée à côté des notes.
0 = corde à vide,
1 = index,
2 = majeur,
3 = annulaire,
4 = auriculaire.

Les cordes sont indiquées au-dessus ou en-dessous des notes par des chiffres cerclés (de l'aigu vers le grave : 1re, 2e, 3e, 4e, 5e et 6e corde).

Les extensions par l'abréviation Ext. encadrée.

Les positions main gauche par des chiffres encadrés sous la portée.

Les grands barrés (6 cordes) sont indiqués par le symbole B majuscule.
Les moyens barrés (4 ou 5 cordes) par un B majuscule barré.
Les petits barrés (2 ou 3 cordes) par un b minuscule.

Nota bene

Pour imprimer les partitions, téléchargez-les au format PDF plutôt que d'imprimer cette page web :

La partition

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Le samedi 1 octobre 2011 à 18h04, eric à écrit :

Commentaire provenant du site Partitions, exercices et conseils pour guitaristes de tous styles


Très bel outil pédagogique qui me stimule enfin (après des années de complexes) "d'adorder" donna lee... .

compliments

eric